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19/11/2018

Le n'importe quoi écologique de la Maire de Paris...

RESPIRER
 
(Anne Hidalgo ; Editions de l’Observatoire ; septembre 2018)
 
 
Sous ce titre presque médical la maire de Paris expose le « premier des grands défis de la Ville de Paris » : permettre aux Parisiens de mieux respirer. L’intention paraît bonne.  « Nous respirons chaque jour les particules fines que rejettent les moteurs diesel » affirme-t-elle.
 
 Sous un tel titre, on pourrait s’attendre à ce que l’ancienne inspectrice du travail fournisse des détails techniques et juridiques : la façon dont les particules fines entrent dans les voies respiratoires et le sang, des statistiques sur les maladies engendrées, les différentes normes édictées par l’Union européenne et l’Organisation mondiale de la Santé, l’application de ces normes, les moyens permettant de les respecter, etc.
 
 Il n’en est rien. Anne Hidalgo ignore ces détails. Elle ignore que depuis le 1er janvier 2011 toutes les voitures diesel vendues en France sont munies d’un filtre à particules. Si bien que ces voitures n’émettent pas plus de particules fines que les voitures à essence, et même huit fois moins que les voitures à essence à injection directe.
 
 Elle souhaite que les automobilistes prennent le métro, mais ignore que l’air du métro contient beaucoup plus de particules fines que l’air extérieur. « Ces particules proviennent notamment du freinage, des frictions entre les roues et les rails, et entre les rames et les installations électriques. Le 4 juillet, un pic à 438 microgrammes (µg) de particules fines par mètre cube d’air a été relevé entre 19 heures et 20 heures, selon les données du réseau Squales de la RATP. Or, à l’extérieur, au même moment, la pollution n’atteignait que 27 µg/m3 de particules dites PM10, selon Airparif. Soit 16 fois moins » (Libération du 18/9/2017).
 
Anne Hidalgo n’entre pas dans les détails car elle mène un combat idéologique : contre « la dégradation aveugle d’un déferlement motorisé » et pour « le primat de la santé publique sur les intérêts privés ».
 
Sa cible est la voiture diesel, les constructeurs de ces voitures et les automobilistes qui les utilisent. « La prochaine libération, c’est se libérer de la voiture elle-même ». Elle va plaider devant la Cour de justice européenne pour renforcer les normes d‘émissions européennes.
 
 Et surtout elle défend la politique menée à Paris : piétonisation des voies sur berges, Vélib, Autolib.
 
Elle va jusqu’à écrire que les voies sur berge sont « devenues le moyen le plus rapide de traverser Paris ! A pied, à vélo, à roller, à trottinette et tout autre moyen de circulation doux ». Les faits ne comptent pas. Comme l’a montré le rapport de novembre 2017 du « Comité régional de suivi et d’évaluation des impacts de la piétonisation des voies sur berge rive droite à Paris », il y a eu sur les quais hauts de la Seine une hausse moyenne de 67 % du trafic le matin et 30 % le soirles temps de parcours sur les quais hauts le soir ont augmenté de 65 %,  les reports de circulation sont allés jusqu’au boulevard périphérique et même au-delà puisque par exemple les temps de trajet sur l’itinéraire Boulogne – Charenton ont augmenté de 40 %,  les temps de parcours des bus ont augmenté et « le niveau de concentration de dioxyde d’azote a augmenté à la sortie de la section concernée par le projet (quartier Henri IV notamment : + 5 % à + 10 %) et le long des axes de report (+ 1 % à + 5 %) ». Anne Hidalgo ignore l’augmentation de la pollution que sa politique a causée.
 
Pour elle, l’essentiel est ailleurs.  A plusieurs reprises, elle exprime sa fierté d’être présidente de Cities 40, « qui réunit les maires des plus grandes villes du monde, représentant 600 millions d’individus ».  Elle veut montrer à ses collègues que « Paris se doit d’être différent pour ouvrir de nouvelles voies », que « Paris est pionnière dans la manière de vivre la ville autrement », que « Paris joue un rôle de moteur dans la mise en réseau des « villes-refuges » européennes », que « les Parisiens sont la conscience de la grandeur de l’humanité » ! 
 
Toute à son rêve de modèle mondial, elle néglige ses échecs, non seulement la piétonisation des voies sur berge, mais aussi Vélib, Autolib, les campements insalubres de réfugiés, l’insécurité, la prolifération des rats, la saleté de Paris, les travaux inutiles ou interminables freinant la circulation, les finances dégradées.
 
Elle reconnait cependant son erreur sur Vélib : « Je suis désolée. Nous sommes désolés.  Je demande aux Parisiens de nous pardonner cette erreur que nous avons commise ».
 
Pour Autolib, elle rejette la responsabilité de l’échec sur le groupe Bolloré, qui a demandé l’application du contrat signé en 2001, époque où Anne Hidalgo était première adjointe. Ce contrat prévoyait qu’en cas de pertes, celles-ci étaient limitées à 60 millions d’euros pour le groupe Bolloré, le reste étant à la charge des 97 communes. Or la perte prévue est de 235 millions d’euros, dont 55 % pour la ville de Paris. Comme si elle n’avait pas approuvé le contrat, Anne Hidalgo s’en offusque : « je refuse le risque financier pour les Parisiens ». C’est un peu tard pour le regretter. Certes dans son livre elle cherche maintenant un prétexte pour ne pas appliquer le contrat : « Ce contrat supposait une exécution normale de leurs obligations par les deux parties ». Or « le service s’est peu à peu dégradé : bornes de recharge en maintenance, véhicules sales, réservations annulées au dernier moment, stations pleines ou stations vides ». Le groupe Bolloré présentera surement des contre-arguments. La justice tranchera un jour. Mais on peut douter que les juges suivent l’argumentation tardive et tendancieuse d’Anne Hidalgo.
 
Quant aux campements de migrants, « la Ville de Paris a consacré 30 Millions d’euros à la prise en charge des migrants, bien au-delà de ses compétences obligatoires ». Elle reconnaît que ces campements sont insalubres. Et pourtant elle veut en ériger d’autres.
 
Elle nous fait part de nouveaux rêves de grandeur : « Briser ce périphérique hérité de l’âge de la voiture-reine » ; « rendre les transports en commun gratuits » ; une « ferme urbaine ». On est en plein délire.
 
Faire mieux respirer les Parisiens : l’intention était bonne. Mais l’enfer n’est-il pas pavé de bonnes intentions ? Une politique doit-elle être jugée sur ses intentions, ou sur ses résultats ? Et quand les résultats sont mauvais, ne faut-il pas l’arrêter ?
 

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