Cet été. Une Certaine Idée a choisi de parler de la France à travers la diversité de ses territoires, portés par l’engagement de leurs élus. Rachida Dati, maire du 7ème arrondissement de Paris, nous parle des défis que la Ville Lumière doit relever pour demeurer la capitale qui fait rêver le monde entier.
La Ville lumière a perdu son éclat, mais ce n’est pas une fatalité.
Il n’y a pas si longtemps encore, dire que l’on vivait à Paris était un motif de fierté. C’était une chance qui suscitait même l’émerveillement. Des générations entières sont « montées » à Paris, attirées par son aura et son énergie inégalable. C’était une ville réellement mixte où ouvriers, artisans, étudiants, artistes et cadres se croisaient. La frontière entre les beaux quartiers haussmanniens et les quartiers faubouriens plus populaires n’était pas infranchissable, bien au contraire. C’était une ville vivante, où chacun pouvait s’épanouir et croire en un avenir meilleur pour soi et ses enfants.
Malheureusement, cette ville rayonnante, immortalisée par les plus grands artistes pour son effervescence, son romantisme et son authenticité est devenue un repoussoir. Paris est décriée pour la dureté de sa vie, sa saleté, une circulation infernale, son patrimoine délaissé, sa cherté et une qualité de vie dégradée. Les faits parlent d’eux-mêmes. Depuis 10 ans, 123 000 Parisiens ont quitté la capitale dont la mixité sociale a reculé de 4,5 points en 20 ans. Ce ne sont pas juste les rues qui font peine à voir. La ville est dans un état de faillite globale.
Financièrement Paris est au plus mal. Alors que les recettes fiscales n’ont jamais cessé de battre des records, Anne Hidalgo a réussi l’exploit de porter la dette à 10 milliards d’euros. Elle n’était que d’un milliard sous la droite. Évidemment ceux qui en payent le prix sont les Parisiens qui demeurent et qui devront prochainement supporter la hausse de 52% du taux de la taxe foncière. Une situation inouïe qui ne se traduit en rien dans une quelconque amélioration des services offerts aux Parisiens.
Les secteurs de la petite enfance, de l’éducation et de la santé l’illustrent bien. Alors que les familles sont de moins en moins nombreuses, les crèches municipales sont incapables de répondre à la demande et parfois même inquiètent les parents quant aux conditions d’accueil de leurs enfants. Paris est dirigée par des élus qui manifestement se soucient peu des enfants. L’investissement pour l’entretien des établissements scolaires chute alors que nombre d’entre eux sont vétustes. Paris est l’académie qui offre le moins de logements étudiants et les chasse en périphérie. Et maintenant, la capitale du pays est en voie de désertification médicale, un exploit négatif sans que la municipalité ne fasse quoi que ce soit pour enrayer le phénomène.
“Il n’est cependant pas question de se résigner. Face à ce tableau bien noir, la capitale doit redevenir la ville lumière, une ville dynamique au bon sens du terme qu’elle aurait toujours dû rester”
Ce n’est pas non plus du côté de la sécurité ou de la propreté des rues que les Parisiens peuvent trouver leur compte. La délinquance est endémique, or la Police municipale parisienne n’est pas taillée pour lutter contre, faute de volonté politique. Non seulement elle n’arrive pas à remettre de l’ordre dans le chaos urbain sans précédent créé par Anne Hidalgo, mais les rues sont devenues une jungle urbaine pour les piétons. Les personnes à mobilité réduites où les poussettes sont obligées de slalomer entre les vélos, les terrasses estivales et les travaux sans fin. Quant aux bouchons incessants, ils dissuadent les artisans de venir travailler à Paris, aux dépens des besoins des particuliers et handicapent les commerces parisiens jamais considérés.
Mais alors où va l’argent des Parisiens ? Dans la politique du logement ? Pour les Parisiens, les jeunes en particulier, il n’a pourtant jamais été aussi difficile de se loger ! La Ville préempte à prix d’or des biens immobiliers pour les transformer en logement social qui ne profite que très peu aux Parisiens et contribue à raréfier l’offre de logements privés sans pour autant faire baisser le prix du mètre carré. Une punition pour les classes moyennes d’autant plus qu’Anne Hidalgo a supprimé toutes les aides sociales à l’accession à la propriété. Dans le même temps, les logements sociaux existants sont vétustes et délaissés.
“Il suffit de se promener comme je le fais régulièrement, de la rive droite à la rive gauche, du boulevard Saint Germain à la Bastille, du Marais à l’Opéra pour voir à quel point cette ville est belle mais abîmée.”
Paris est une ville abimée, qui ne fait plus rêver et qui porte de plus en plus péniblement les couleurs de la France dans le monde. À ce titre, les Jeux olympiques devraient être une réussite, or tous les risques sont présents pour ternir durablement l’image de la ville et de notre pays.
Il n’est cependant pas question de se résigner. Face à ce tableau bien noir, la capitale doit redevenir la ville lumière, une ville dynamique au bon sens du terme qu’elle aurait toujours dû rester.
Parisienne d’adoption, comme tous ceux qui ont été aspirés par Paris, je suis particulièrement sensible à sa dégradation. Je ne m’y résous pas. Paris est un patrimoine qui n’appartient pas qu’à ceux qui la dirigent ponctuellement. C’est un patrimoine pour les générations futures, la vitrine du pays, et pendant longtemps sa locomotive. Il suffit de se promener comme je le fais régulièrement, de la rive droite à la rive gauche, du boulevard Saint Germain à la Bastille, du Marais à l’Opéra pour voir à quel point cette ville est belle mais abîmée. À quel point son âme, son charme sont en péril. C’est pour cela que mon combat est de redonner à Paris ce qui a fait que des générations entières, de François Mitterrand à Jacques Chirac, de Francis Lemarque à Simone Signoret l’ont aimé. Le constat est posé, les solutions demandent simplement du pragmatisme et de la détermination politique pour inverser la tendance.
Rachida Dati
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